Le 5 février 2025, un rapport a révélé que le secteur de l’éducation privée en Corée du Sud continue de générer des profits records, malgré une chute significative de la population scolaire. Selon une analyse publiée par le site The Straits Times, les parents dépensent de plus en plus pour l’éducation de leurs enfants, cherchant des solutions pour les aider à réussir dans un système scolaire de plus en plus compétitif. Les académies de préparation, connues sous le nom de « hagwon », ont adapté leurs stratégies commerciales en se concentrant sur des programmes intensifs et haut de gamme. « Les familles sont prêtes à investir dans des programmes de tutorat qui promettent des résultats tangibles », souligne Kim Hyun-sook, éducatrice et consultante en éducation. En effet, les parents cherchent à donner à leurs enfants un avantage dans un environnement où l’accès aux meilleures universités est devenu un enjeu majeur. « L’éducation est perçue comme un investissement crucial pour l’avenir, et les parents sont déterminés à offrir les meilleures opportunités possibles », ajoute-t-elle. Im Seong-ho, directeur général de Jongno Hagwon, reconnu pour ses programmes rigoureux de préparation aux examens d’entrée à l’université, confirme cette tendance. Pour plus de détails, consultez l’article complet ici : https://www.straitstimes.com/asia/east-asia/south-koreas-private-education-sector-rakes-in-profits-despite-fewer-students.

Une population scolaire en déclin, mais des budgets en hausse

Les chiffres révèlent une réalité paradoxale : bien que la population scolaire ait diminué de 14,5 % entre 2020 et 2023, les dépenses totales pour l’éducation privée ont bondi de 40 % durant la même période. En 2023, ces dépenses ont atteint 27 trillions de wons, soit environ 25,2 milliards de dollars singapouriens. En parallèle, le coût moyen par élève pour l’éducation privée a augmenté de 43,7 %, passant de 302 000 wons par mois en 2020 à 434 000 wons en 2023. Des données d’une enquête menée par le groupe civique No Worry About Private Education révèlent que les parents utilisant activement ces services privés dépensent en moyenne 1,061 million de wons par mois.

Cette évolution s’explique en partie par la volonté des familles d’investir dans des programmes de qualité, malgré la diminution du nombre d’élèves. En effet, les parents sont de plus en plus soucieux de garantir le succès académique de leurs enfants. « Les parents considèrent désormais chaque dépense en éducation comme un pas vers un avenir meilleur pour leurs enfants », déclare Lee Jae-min, spécialiste en sociologie de l’éducation. Ce phénomène est particulièrement marqué chez les familles qui souhaitent que leurs enfants intègrent des universités prestigieuses, où la concurrence est féroce.

L’impact de cette dynamique sur le marché de l’éducation privée est significatif. Les hagwon, en particulier, ont modifié leurs offres pour attirer les familles prêtes à payer davantage. Des programmes plus intensifs et personnalisés, ainsi que des sessions de tutorat en ligne, sont de plus en plus courants. « Nous avons adapté nos services pour répondre à la demande croissante des parents qui recherchent des solutions adaptées aux besoins spécifiques de leurs enfants », explique un responsable de MegaStudy, l’une des plus grandes entreprises d’éducation privée en Corée.

Ce changement de mentalité se reflète également dans l’attitude générale des parents face à l’éducation. Les familles investissent dans des systèmes de soutien qui vont au-delà de l’école traditionnelle, incluant des cours particuliers et des séminaires intensifs. Selon un rapport de l’Institut coréen de la recherche sur l’éducation, près de 76 % des parents interrogés estiment que les cours supplémentaires sont indispensables pour garantir le succès scolaire de leurs enfants. Ainsi, même avec une population scolaire en déclin, les budgets alloués à l’éducation privée continuent de croître, montrant que les familles coréennes sont prêtes à tout pour assurer un avenir prometteur à leurs enfants.

Les hagwon s’adaptent à une nouvelle demande

Face à cette situation, les hagwon ont modifié leurs offres pour répondre à la demande croissante de programmes spécialisés et intensifs. De nombreux élèves choisissent de repasser l’examen d’entrée à l’université, le Suneung, plusieurs fois dans l’espoir d’intégrer des établissements prestigieux. Cette tendance a entraîné une hausse de la demande pour les hagwon qui offrent des environnements de préparation rigoureux et des programmes de résidence. Des entreprises comme Digital Daesung, spécialisée dans les écoles de préparation pour les retakers, ont vu leurs revenus augmenter, 80 % de leur chiffre d’affaires provenant des cours en ligne et des programmes de résidence.

L’intérêt pour ces programmes intensifs reflète la pression sociale et académique à laquelle sont soumis les étudiants. Les parents, conscients des enjeux, n’hésitent pas à investir des sommes considérables pour garantir la réussite de leurs enfants. « Les parents sont prêts à sacrifier d’autres dépenses pour s’assurer que leurs enfants bénéficient d’une éducation de qualité », affirme Yang Soo-jin, éducatrice et analyste des tendances en éducation. Selon des estimations, le coût d’un hagwon résidentiel pour les élèves répétiteurs a atteint 3,5 millions de wons par mois, un chiffre qui témoigne de l’engagement financier des familles envers l’avenir académique de leurs enfants.

Les hagwon, en réponse à cette demande croissante, offrent désormais des programmes sur mesure, qui combinent cours intensifs, tutorat individuel et soutien psychologique. Ces écoles n’hésitent pas à recruter des enseignants réputés, souvent avec de l’expérience en matière de préparation aux examens, pour attirer les élèves et leurs parents. Par ailleurs, plusieurs hagwon proposent également des services en ligne, permettant aux étudiants de suivre des cours à leur propre rythme tout en bénéficiant d’un encadrement personnalisé.

Digital Daesung, par exemple, a innové en intégrant des outils numériques dans son enseignement, tels que des plateformes interactives et des simulations d’examen. « Nous utilisons la technologie pour créer des environnements d’apprentissage stimulants qui répondent aux besoins modernes des étudiants », explique un responsable de l’entreprise. Cette approche dynamique permet aux élèves de s’exercer dans des conditions proches de celles des examens réels, augmentant ainsi leur confiance et leurs chances de réussite.

En somme, les hagwon s’adaptent non seulement à une demande croissante, mais cherchent également à se positionner en tant que leaders dans le secteur de l’éducation privée. Cette évolution pourrait avoir des répercussions significatives sur le paysage éducatif en Corée du Sud, alors que les familles continuent de chercher des solutions efficaces pour naviguer dans un système scolaire de plus en plus compétitif.

La psyché des parents face à l’éducation

L’augmentation des investissements dans l’éducation privée soulève des questions sur la psychologie des parents sud-coréens. De nombreux parents perçoivent ces dépenses comme un investissement essentiel pour l’avenir de leurs enfants, plutôt qu’une simple dépense. Im Seong-ho souligne que « la pression sociale liée à l’éducation est tellement forte que les parents se sentent obligés de fournir les meilleures ressources possibles pour leurs enfants ». Cette dynamique est exacerbée par une culture compétitive où les performances académiques sont souvent corrélées au statut social et aux opportunités de carrière.

Les parents sont de plus en plus conscients que les résultats scolaires peuvent influencer non seulement le parcours académique de leurs enfants, mais également leur réseau professionnel futur. Cette conscience aiguë des enjeux pousse les familles à chercher des solutions éducatives qui promettent des résultats concrets. Selon une étude menée par l’Institut de recherche sur l’éducation en Corée, près de 84 % des parents interrogés estiment que l’éducation privée est indispensable pour garantir un bon avenir à leurs enfants.

Cette obsession pour l’éducation a des répercussions sur la vie quotidienne des familles. Les horaires deviennent souvent surchargés, les enfants étant amenés à suivre des cours après l’école, des sessions de tutorat et même des cours du soir. « Les enfants n’ont souvent pas le temps de se détendre ou de socialiser, car leur emploi du temps est entièrement consacré à l’étude », observe Kang Soo-min, psychologue scolaire. Cette réalité provoque un stress accru chez les jeunes, qui ressentent la pression de répondre aux attentes élevées de leurs parents et de la société.

Par ailleurs, cette quête de réussite académique s’accompagne parfois d’un sentiment de culpabilité chez les parents qui ne peuvent pas se permettre d’investir autant dans l’éducation de leurs enfants. « Les parents se comparent souvent les uns aux autres, et ceux qui ne peuvent pas offrir les mêmes opportunités éducatives peuvent se sentir coupables », explique Lee Jin-kyung, sociologue. Ce phénomène crée un climat de compétition qui peut être néfaste tant pour les enfants que pour les parents, engendrant un cycle de stress et d’anxiété.

En somme, la psychologie des parents sud-coréens face à l’éducation est profondément enracinée dans des croyances culturelles et sociales complexes. Ce besoin de réussite académique est devenu un impératif, créant une pression qui influence non seulement les choix éducatifs, mais aussi la dynamique familiale dans son ensemble. Les familles sont ainsi confrontées à un dilemme : comment équilibrer les attentes élevées tout en préservant le bien-être émotionnel de leurs enfants ?

L’avenir du secteur de l’éducation privée en Corée du Sud

À l’avenir, le secteur de l’éducation privée en Corée du Sud devrait continuer à croître, même avec une population scolaire en baisse. Les hagwon, en particulier ceux qui offrent des programmes intensifs et spécialisés, semblent bien placés pour tirer parti de ce phénomène. Les tendances actuelles montrent que les parents sont prêts à investir davantage dans l’éducation de leurs enfants, ce qui pourrait renforcer la position des hagwon sur le marché. « Le marché de l’éducation privée évolue rapidement et s’adapte aux besoins des familles modernes, ce qui offre des perspectives de croissance intéressantes », déclare Park Min-soo, analyste du secteur éducatif.

Cette évolution pourrait également inciter d’autres acteurs du secteur à revoir leurs offres pour mieux répondre aux attentes des familles sud-coréennes. Par exemple, certaines écoles privées commencent à intégrer des éléments de bien-être et des programmes de gestion du stress dans leur curriculum, reconnaissant l’importance de la santé mentale face à la pression académique. « Nous avons constaté une demande croissante pour des programmes qui équilibrent les exigences académiques avec le bien-être émotionnel des étudiants », explique Kim Ji-eun, responsable de l’éducation dans une école privée.

En outre, la digitalisation continue de transformer le paysage éducatif. Les hagwon qui proposent des cours en ligne et des ressources d’apprentissage numérique sont en bonne position pour attirer un plus large éventail d’élèves. Cette tendance a été particulièrement accentuée par la pandémie, qui a démontré l’efficacité des plateformes d’apprentissage à distance. Les parents, de plus en plus familiers avec ces outils, sont désormais plus enclins à envisager des solutions d’apprentissage hybrides.

Les hagwon qui réussissent à intégrer ces nouvelles technologies dans leur enseignement sont mieux équipés pour répondre aux besoins d’un public en constante évolution. De plus, le modèle d’apprentissage personnalisé, où les élèves peuvent avancer à leur propre rythme, est devenu particulièrement populaire. « L’éducation personnalisée permet aux étudiants de se concentrer sur leurs points faibles tout en renforçant leurs compétences », affirme Lee Sang-ho, directeur d’une académie de préparation.

Enfin, l’avenir du secteur semble également prometteur en termes d’expansion internationale. Avec l’augmentation de l’intérêt pour l’éducation coréenne à l’étranger, les hagwon pourraient chercher à s’internationaliser, en attirant des élèves étrangers désireux de bénéficier de l’expertise coréenne en matière d’éducation. Cette tendance pourrait non seulement accroître les revenus, mais aussi renforcer la réputation de la Corée du Sud comme un leader en matière d’éducation. En somme, le secteur de l’éducation privée est en pleine mutation, et ceux qui sauront s’adapter aux nouvelles attentes et aux besoins diversifiés des familles auront un avenir radieux.