Au Japon, chaque mois de février est marqué par un phénomène bien particulier : la préparation intense aux examens d’entrée, une tradition qui perdure d’année en année. Dans un article publié le 29 janvier 2025 par Takahiro Takiguchi, journaliste pour Stripes Japan, il est souligné que des centaines de jeunes étudiants, accompagnés de leurs parents ou même de leurs enseignants, se dirigent vers les lycées ou universités pour passer ces examens cruciaux. Ces épreuves, souvent perçues comme un rite de passage, sont essentielles pour accéder à des établissements d’enseignement supérieur de qualité.

Les enjeux sont tels que certains étudiants passent des nuits entières à réviser, se sentant parfois accablés par la pression. Takiguchi note qu’« une partie des élèves ressent une anxiété immense à l’approche de ces examens, ce qui peut affecter leur santé mentale ». Pour maximiser leurs chances, beaucoup choisissent d’intégrer des “juku”, des écoles de soutien spécialisées. Ces cours intensifs sont devenus presque incontournables dans le paysage éducatif japonais. En effet, comme le souligne un enseignant de juku, « ces écoles offrent un environnement propice à l’apprentissage, mais elles alimentent également une culture de la compétition acharnée ». Pour en savoir plus sur ce phénomène, consultez l’article complet à l’adresse suivante : https://japan.stripes.com/education/exam-cram-%E2%80%98tis-the-season-in-japan-to-study-like-crazy-to-%E2%80%98make-the-cut%E2%80%99.html.

L’importance des examens d’entrée

Les examens d’entrée représentent un moment décisif dans la vie de nombreux étudiants japonais. Chaque année, des centaines de milliers de candidats s’inscrivent pour passer des tests rigoureux qui déterminent leur avenir académique et professionnel. En 2025, 495 171 étudiants se sont inscrits au Test Commun pour l’Admission Universitaire, selon les autorités. Contrairement à d’autres pays, l’éducation gratuite au Japon n’inclut que l’école primaire et le collège. Les familles doivent donc investir des sommes considérables, atteignant environ 4 000 dollars par an pour les lycées publics, et bien plus pour les établissements privés. Cette pression financière et sociale pousse les étudiants à donner le meilleur d’eux-mêmes pour accéder aux meilleures institutions.

Les examens couvrent généralement trois à cinq matières, dont le japonais, l’anglais, les mathématiques et les sciences. Dans ce contexte, la réussite est souvent corrélée à la réputation des établissements d’enseignement. Takahiro Takiguchi souligne que « la sélection est si sévère que même une petite erreur peut coûter cher à un étudiant dans sa quête d’admission ». Cette dynamique crée une compétition féroce, où les étudiants n’hésitent pas à passer plusieurs examens par an pour maximiser leurs chances. Cette tendance à se soumettre à des tests multiples est motivée par le désir de se garantir une place dans un établissement respecté, ce qui est perçu comme un atout majeur sur le marché du travail.

La pression ne se limite pas seulement aux examens eux-mêmes, mais s’étend également à la préparation. Les étudiants se consacrent souvent à des heures d’études intenses, s’inscrivant dans des “juku” pour se préparer efficacement. Un enseignant de juku explique : « Les étudiants qui viennent ici sont souvent déjà stressés. Nous les aidons à gérer leur temps et à se concentrer sur les matières essentielles pour réussir. » Cependant, cette préparation peut également engendrer des niveaux de stress élevés et des attentes irréalistes, conduisant certains à éprouver des difficultés psychologiques.

La société japonaise valorise énormément l’éducation, et les examens d’entrée sont souvent considérés comme un rite de passage. En effet, la réussite à ces tests est synonyme de reconnaissance sociale et d’opportunités professionnelles. Un ancien étudiant a déclaré : « J’ai compris que réussir ces examens était non seulement important pour ma carrière, mais aussi pour l’honneur de ma famille. Cela crée une pression qui peut être écrasante. » Ainsi, les examens d’entrée au Japon ne sont pas seulement des évaluations académiques, mais des moments charnières qui façonnent les trajectoires de vie des jeunes adultes.

Le phénomène des “juku” : écoles de soutien

Pour se préparer à ces tests, de nombreux étudiants se tournent vers des écoles de soutien, connues sous le nom de “juku”. Ces établissements, qui ont prospéré au Japon pendant des décennies, offrent des cours spécifiques pour aider les élèves à se préparer aux examens d’entrée. Selon une estimation de l’Association des Juku du Japon, environ 55 037 de ces écoles existent dans le pays, et entre 50 et 70 % des étudiants préparant des examens d’entrée y ont recours. Cette tendance illustre l’importance que les familles accordent à la réussite académique et à l’éducation.

Les cours dans ces écoles se déroulent généralement après les heures de classe régulières, et les étudiants y passent de deux à cinq fois par semaine pour des séances de révision. Le coût de ces formations varie entre 10 000 et 50 000 yens par mois, représentant une part significative des dépenses familiales. Takahiro Takiguchi mentionne que « ces cours sont devenus une nécessité pour de nombreux élèves, car ils souhaitent atteindre un niveau de compétence qui leur permettra de briller lors des examens d’entrée ».

Les méthodes d’enseignement dans les juku diffèrent souvent de celles des écoles traditionnelles. Les instructeurs utilisent des techniques de mémorisation intensive et des exercices pratiques pour s’assurer que les étudiants maîtrisent le contenu. Un professeur de juku a déclaré : « Nous nous concentrons sur les types de questions qui sont souvent posées lors des examens, ce qui permet aux étudiants de s’habituer à la structure et au format des tests. » Cependant, cette approche peut également avoir des conséquences néfastes sur le bien-être des étudiants.

De plus, la culture entourant les juku contribue à un environnement compétitif où les élèves se sentent constamment sous pression pour performer. Un ancien étudiant a partagé son expérience en disant : « J’étais tellement préoccupé par mes résultats que je ne pouvais pas profiter de ma vie d’élève. C’était comme si chaque seconde de ma journée était consacrée à l’étude. » Cette pression constante peut mener à des niveaux d’anxiété élevés et à une santé mentale fragile parmi les jeunes.

Malgré ces défis, beaucoup de familles estiment que les juku sont un investissement essentiel pour l’avenir de leurs enfants. En effet, la réputation des écoles et universités que les élèves peuvent intégrer grâce à une préparation adéquate est souvent perçue comme un facteur déterminant de leur succès futur. Cela renforce l’idée que la réussite académique est primordiale dans la société japonaise, où l’éducation est synonyme de respect et de statut.

Les aspirations des étudiants : un changement de mentalité

Cependant, les temps changent et les ambitions des étudiants évoluent. Selon un responsable de l’Association des Juku, « de plus en plus d’élèves ne visent plus les prestigieuses écoles, mais se contentent d’établissements où ils sont plus susceptibles d’être acceptés ». Cette nouvelle attitude reflète une prise de conscience croissante concernant les exigences du système éducatif japonais et les réalités du marché du travail. Les étudiants semblent réaliser que la voie traditionnelle vers des universités renommées n’est pas nécessairement synonyme de succès professionnel.

Pour éviter la compétition féroce, certains élèves choisissent de solliciter des recommandations de leurs établissements actuels pour faciliter leur admission. Un enseignant dans une école secondaire a déclaré : « Les jeunes d’aujourd’hui comprennent que leur bonheur et leur succès ne dépendent pas uniquement de la réputation de leur université, mais aussi de leur capacité à s’adapter et à développer des compétences pratiques. » Cette approche alternative témoigne d’un désir de réduire le stress lié aux examens d’entrée et de trouver un équilibre entre études et bien-être.

Malgré ces changements, ceux qui continuent à suivre la voie traditionnelle de la préparation aux examens témoignent d’une pression immense. Un étudiant ayant réussi à entrer dans une université privée prestigieuse a déclaré : « Une fois que tout est terminé, la pression et la motivation pour étudier disparaissent. Après tant d’années consacrées aux examens, beaucoup d’entre nous se retrouvent désorientés quant à leur avenir. » Ce constat soulève des questions sur la santé mentale des jeunes et la pertinence de l’enseignement axé sur la mémorisation.

Il est intéressant de noter que certaines écoles et universités commencent à reconnaître ce changement de mentalité. Des initiatives sont mises en place pour encourager les étudiants à s’engager dans des activités parascolaires et à développer des compétences interpersonnelles. Un administrateur universitaire a commenté : « Nous souhaitons créer un environnement où les étudiants peuvent explorer leurs passions et développer des compétences pratiques, car cela les prépare mieux à la vie après l’université. »

Ainsi, bien que le modèle traditionnel d’éducation continue d’exister, une nouvelle génération d’étudiants semble adopter une approche plus équilibrée et réfléchie de leur avenir académique et professionnel. Cette évolution pourrait indiquer un changement profond dans la manière dont la société japonaise perçoit la réussite, mettant davantage l’accent sur le bien-être et l’épanouissement personnel.

Les rituels de chance : l’ema

En parallèle de la préparation académique, de nombreux étudiants participent également à des rituels traditionnels pour attirer la chance. Les “ema”, ces petites plaques de bois sur lesquelles les gens inscrivent leurs souhaits, sont particulièrement populaires. Ces plaques sont offertes dans les sanctuaires shintoïstes, et les jeunes candidats aux examens y expriment souvent leurs vœux de succès. Selon Takahiro Takiguchi, « les étudiants visitent des sanctuaires dédiés à Tenjin, le dieu des érudits, pour prier pour leur réussite lors des examens ».

Les ema sont souvent décorées de dessins représentant des chevaux, symbole de bonne fortune. Les sanctuaires, comme le Dazaifu Tenmangu à Fukuoka, attirent des foules d’étudiants pendant la période des examens. Les visiteurs rédigent leurs souhaits sur les ema, qui sont ensuite suspendues à des arbres ou des structures spécifiques dans le sanctuaire. Ce geste symbolique est un moyen pour les étudiants d’extérioriser leurs espoirs et leurs craintes concernant les examens. Un étudiant a partagé : « Lorsque j’écris mon souhait sur un ema, je ressens un soulagement, comme si je confiais mes angoisses aux dieux. »

Les croyances associées aux ema illustrent l’importance de la spiritualité et des croyances culturelles dans le parcours éducatif des étudiants japonais. Ce rituel ne se limite pas seulement à une simple prière ; il représente également une tradition profondément ancrée dans la culture japonaise. Les familles participent souvent à ces rites, renforçant ainsi le lien entre les générations et la transmission de ces valeurs culturelles. Un parent a déclaré : « Nous venons ici chaque année pour prier pour la réussite de notre enfant. C’est une façon de montrer notre soutien et de renforcer leur confiance. »

Cependant, au-delà de la simple tradition, ces rituels peuvent également être perçus comme une source de pression supplémentaire pour certains étudiants. La nécessité de répondre aux attentes, tant familiales que sociétales, peut peser lourdement sur leurs épaules. Un conseiller scolaire a noté : « Les rituels comme les ema peuvent offrir du réconfort, mais ils créent aussi une pression pour réussir. Les étudiants doivent naviguer entre leurs espoirs et les attentes qui pèsent sur eux. »

En conclusion, les ema et d’autres rituels de chance font partie intégrante de la culture éducative japonaise. Ils offrent aux étudiants un espace pour exprimer leurs aspirations tout en soulignant l’importance de la tradition et de la spiritualité dans un système éducatif par ailleurs très compétitif. Dans un monde en constante évolution, ces rituels demeurent un ancrage culturel pour les jeunes, leur permettant de garder espoir face aux défis académiques qui les attendent.