Dans un article publié le 25 octobre 2017, le site Borgen Project aborde le phénomène des hagwons, ces établissements d’enseignement privés en Corée du Sud. L’article met en lumière la vie quotidienne d’un étudiant, Hye-Min Park, qui aspire à devenir enseignante d’école élémentaire. À seulement 16 ans, Hye-Min consacre ses journées à ses études, entre l’école et les leçons dans un hagwon. Selon elle, « je suis prête à tout sacrifier pour atteindre mes objectifs académiques ». Ce système éducatif, bien que largement critiqué, est devenu une norme pour des millions d’étudiants en quête de succès.
Les hagwons, souvent perçus comme des institutions de soutien, soulèvent des préoccupations quant à la pression qu’ils exercent sur les élèves. En effet, la compétition pour entrer dans les meilleures universités est féroce, poussant ainsi les étudiants à passer de nombreuses heures dans ces établissements. D’après Sohn Kwang Kyun, professeur de mathématiques chez Sky Education, « les hagwons sont devenus une partie intégrante de la culture éducative coréenne, façonnant les aspirations des jeunes ». Pour en savoir plus sur ce sujet, vous pouvez consulter l’article complet à l’adresse suivante : https://borgenproject.org/hagwons-south-korea/.
Une journée typique d’un étudiant coréen
La vie d’un étudiant dans un hagwon est souvent marquée par un emploi du temps chargé et exigeant. Hye-Min Park commence sa journée à 7h30 pour se rendre à l’école où elle passe la majeure partie de sa journée jusqu’à 16h. Après un bref retour chez elle pour un repas rapide, elle se dirige vers son hagwon pour des cours privés de 18h30 à 21h. Une fois ses leçons terminées, elle retourne à l’école pour une session d’étude jusqu’à 23h, avant de rentrer chez elle pour continuer à étudier jusqu’à 2h du matin. Elle se lève ensuite à 6h30 pour recommencer ce cycle épuisant. Hye-Min souligne que « même si les jours sont longs, je me sens motivée par l’idée d’atteindre mes rêves ».
Ce rythme de vie, partagé par de nombreux étudiants coréens, soulève des questions sur l’impact de cette pression académique sur leur bien-être. En effet, la plupart des étudiants passent plus de 10 heures par jour à étudier, ce qui peut entraîner un épuisement physique et mental. Certains d’entre eux admettent que la fatigue accumulée les rend parfois moins performants, mais ils sont convaincus que cela en vaut la peine. Selon un camarade de Hye-Min, « l’angoisse d’échouer aux examens nous pousse à donner le meilleur de nous-mêmes, même si cela signifie sacrifier notre temps libre ».
Dans un contexte où la performance scolaire est primordiale, il est crucial de comprendre comment ces étudiants parviennent à jongler entre leur vie académique et leur santé mentale. Les hagwons, tout en étant perçus comme des lieux d’apprentissage, peuvent également devenir des sources de stress. Les enseignants, comme Sohn Kwang Kyun, affirment que l’environnement compétitif peut parfois nuire à la motivation des élèves : « Nous devons veiller à ce que les étudiants ne perdent pas de vue l’amour de l’apprentissage au profit des résultats ».
Il est donc essentiel d’étudier non seulement l’impact des hagwons sur le plan académique, mais aussi sur le bien-être psychologique des étudiants. Les pressions sociales et familiales pour exceller peuvent mener à des conséquences négatives, telles que l’anxiété et la dépression. Hye-Min, tout en poursuivant ses objectifs, espère également trouver un équilibre qui lui permettra de profiter de sa jeunesse tout en se préparant à son avenir.
Qu’est-ce qu’un hagwon ?
Les hagwons sont des institutions éducatives privées à but lucratif qui se sont répandues en Corée du Sud. Ces établissements, souvent perçus comme des lieux de soutien académique, offrent un enseignement intensif dans diverses matières, notamment l’anglais, les mathématiques, les arts et la musique. Selon les estimations, près de 100 000 hagwons existent à travers le pays, et 95 % des élèves ont bénéficié de ces leçons avant d’obtenir leur diplôme de l’école secondaire. Cela en fait un pilier central de l’éducation moderne en Corée du Sud.
La structure éducative des hagwons a évolué pour répondre aux besoins d’un système où la concurrence pour l’admission aux meilleures universités est féroce. Les parents investissent massivement dans l’éducation privée, souvent pour donner à leurs enfants un avantage sur leurs pairs. Les hagwons sont souvent considérés comme une solution à cette pression, car ils offrent une formation ciblée et personnalisée. Toutefois, cette dynamique soulève également des préoccupations concernant le stress qu’ils engendrent chez les élèves. Un étudiant qui fréquente un hagwon déclare : « Je sais que je dois travailler dur, mais parfois je me sens tellement submergé que je me demande si cela en vaut la peine. »
Sohn Kwang Kyun, professeur de mathématiques chez Sky Education, souligne que les hagwons s’efforcent de répondre aux attentes des élèves et de leurs parents : « Nous essayons de créer un environnement où les étudiants se sentent soutenus, mais la pression pour réussir peut être écrasante. » Cette pression peut avoir des effets néfastes sur la santé mentale des étudiants, exacerbant des problèmes comme l’anxiété et la dépression.
Les hagwons, en dépit de leurs inconvénients, ont également leurs partisans qui mettent en avant les avantages d’un enseignement spécialisé. Par exemple, Choi Jung Yoon, professeur chez Sky Education, affirme que « les hagwons permettent aux élèves d’acquérir des compétences qui ne sont pas toujours enseignées dans les écoles publiques, comme la pensée critique et la résolution de problèmes ». Cela peut leur donner un avantage significatif dans leur parcours académique.
En somme, bien que les hagwons jouent un rôle crucial dans le paysage éducatif sud-coréen, leur impact sur la vie des étudiants est complexe et mérite une attention particulière. Les avantages d’un apprentissage intensif doivent être mis en balance avec les risques associés à une pression excessive, afin de garantir un épanouissement équilibré des élèves.
Les coûts associés aux hagwons
Le coût de l’éducation dans les hagwons représente une part importante du budget des familles sud-coréennes. Chaque année, les parents dépensent plus de 15 milliards de dollars, soit environ 18 trillions de wons coréens, pour l’éducation privée. Ce montant dépasse de trois fois la moyenne des pays de l’OCDE en matière de dépenses éducatives privées. Cette situation soulève des interrogations sur l’inégalité d’accès à l’éducation de qualité et sur les sacrifices que les familles sont prêtes à faire pour assurer un avenir meilleur à leurs enfants.
Les frais d’inscription et les coûts des cours varient considérablement selon la réputation et la localisation des hagwons. Dans les zones urbaines, où la demande est plus forte, les prix peuvent être particulièrement élevés, ce qui complique encore plus l’accès à ces institutions pour les familles à revenu faible ou moyen. Un parent, qui a choisi de mettre son enfant dans un hagwon réputé, explique : « Je travaille de longues heures pour pouvoir lui offrir cette chance. Je crois que cela en vaut la peine, mais cela met beaucoup de pression sur notre budget. »
Choi Jung Yoon, professeur chez Sky Education, note que « le fait que les étudiants choisissent d’assister à des hagwons plutôt qu’à leurs cours réguliers montre leur engagement envers leur éducation ». Cependant, cette préférence soulève également des questions sur la nature même de l’éducation : est-elle vraiment un choix, ou est-elle dictée par la nécessité de répondre aux attentes sociétales ? Beaucoup de parents ressentent une forte pression pour investir dans l’éducation de leurs enfants, craignant que l’absence de hagwons ne les désavantage dans un système compétitif.
L’impact économique des hagwons ne se limite pas aux frais de scolarité. Les familles doivent souvent envisager des dépenses supplémentaires pour les livres, le matériel scolaire et même des cours privés supplémentaires. Les parents se retrouvent à jongler avec ces dépenses tout en essayant de maintenir un équilibre financier. Un autre parent témoigne : « Nous avons dû réduire nos dépenses dans d’autres domaines pour nous permettre de payer les hagwons. C’est un sacrifice que nous sommes prêts à faire pour l’avenir de notre enfant. »
Cette dynamique souligne les inégalités croissantes dans l’accès à une éducation de qualité en Corée du Sud. Alors que certains élèves peuvent bénéficier d’un enseignement de haut niveau dans les hagwons, d’autres voient leurs opportunités d’apprentissage réduites, simplement en raison de leur situation financière. La question de l’équité dans l’éducation est donc au cœur des débats autour des hagwons et de leur place dans le système éducatif sud-coréen.
Les répercussions sur la santé mentale des étudiants
Malgré les avantages apparents des hagwons, les conséquences sur la santé mentale des étudiants sont préoccupantes. En 2016, le suicide a été identifié comme la première cause de décès prématuré en Corée du Sud, avec environ 900 décès par an, touchant particulièrement les adolescents et les jeunes adultes. Les troubles de la dépression et de l’anxiété figurent également parmi les principales préoccupations de santé publique. Cette situation alarmante attire de plus en plus l’attention des autorités et des experts en santé mentale.
Les hagwons, tout en visant à améliorer les capacités cognitives des élèves, peuvent exacerber le stress et la pression, compromettant leur bien-être mental. Les longues heures de cours et les attentes élevées des parents et des enseignants peuvent créer un environnement d’anxiété constant. Un élève fréquentant un hagwon déclare : « Parfois, je me sens comme si ma valeur dépendait uniquement de mes résultats scolaires. Cela peut être accablant. »
Selon Sloan Bousselaire, l’auteur de l’article original, « bien que les hagwons contribuent à la réputation d’excellence éducative de la Corée du Sud, le fardeau qu’ils imposent peut avoir des conséquences graves sur la santé mentale des étudiants ». Des études montrent que les étudiants qui passent trop de temps dans ces établissements sont plus susceptibles de ressentir des symptômes de dépression et d’anxiété par rapport à leurs pairs qui suivent un parcours éducatif moins intensif.
En outre, les pressions sociales et familiales pour réussir dans un système aussi compétitif peuvent isoler les élèves et les rendre réticents à partager leurs luttes émotionnelles. Une psychologue scolaire, Dr. Lee So Young, souligne que « de nombreux élèves ont tendance à cacher leurs sentiments de détresse par peur de décevoir leurs parents ou leurs enseignants. Cette culture du silence peut avoir des effets durables sur leur santé mentale. »
La nécessité d’un équilibre entre l’éducation et le bien-être psychologique devient donc de plus en plus évidente. Les hagwons, en tant qu’institutions éducatives, doivent également reconnaître leur rôle dans le soutien à la santé mentale des élèves. Des initiatives telles que des programmes de sensibilisation à la santé mentale sont essentielles pour aider les étudiants à gérer le stress et à développer des compétences d’adaptation.
En somme, le système des hagwons en Corée du Sud constitue un reflet complexe des priorités éducatives et des défis auxquels sont confrontés les étudiants. Alors que ces institutions continuent de croître, il est essentiel d’évaluer leur impact global sur la société et le bien-être des élèves, afin de garantir que l’éducation ne se fasse pas au détriment de leur santé mentale.