Le tutorat à dosage élevé, défini comme un tutorat individuel ou en très petits groupes, est reconnu comme l’une des stratégies les plus puissantes pour répondre à la perte d’apprentissage, surtout dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Un article publié le 4 août 2020 par Stephen Sawchuk, rédacteur en chef adjoint d’Éducation Week, souligne que « le tutorat pourrait devenir une priorité absolue pour l’investissement fédéral, surtout pour les étudiants ayant perdu du terrain pendant la crise ». En effet, alors que de nombreux étudiants ont été contraints d’apprendre à distance, le besoin de soutien éducatif personnalisé a été amplifié. La mise en place de programmes de tutorat pourrait également offrir des opportunités d’emploi aux diplômés universitaires, qui pourraient envisager de devenir tuteurs à temps partiel ou à temps plein.

Le professeur Matthew Kraft, associé d’éducation et d’économie à l’Université Brown, affirme que « le tutorat à dosage élevé doit être considéré comme un investissement crucial pour l’avenir éducatif de nos enfants ». À cet égard, les districts scolaires doivent explorer des solutions novatrices pour surmonter les obstacles liés aux coûts et à la logistique. Plus d’informations peuvent être trouvées dans l’article original à l’adresse suivante : https://www.edweek.org/leadership/high-dosage-tutoring-is-effective-but-expensive-ideas-for-making-it-work/2020/08.

Pourquoi le tutorat est-il si efficace ?

Les recherches sur le tutorat à dosage élevé montrent des résultats impressionnants. Il est généralement admis que ces programmes, qui impliquent une interaction fréquente entre tuteurs et étudiants, produisent des effets positifs significatifs sur l’apprentissage. Robert Slavin, professeur à l’Université Johns Hopkins et directeur du Centre de recherche et de réforme en éducation, a souligné l’importance d’agir rapidement : « Les étudiants qui ont subi des pertes d’apprentissage nécessitent des interventions immédiates, et le tutorat est l’un des moyens les plus efficaces pour y parvenir ». Cela souligne l’importance d’agir rapidement pour remédier aux lacunes d’apprentissage des étudiants.

Le tutorat permet aux enseignants de personnaliser l’enseignement en fonction des lacunes spécifiques d’un élève. En travaillant en petits groupes, les tuteurs peuvent mieux identifier les compétences prérequises que les élèves doivent pratiquer, ce qui serait difficile à réaliser dans un cadre de classe traditionnelle. De plus, le soutien individualisé qu’offre le tutorat favorise une relation de confiance entre le tuteur et l’élève. Emily Freitag, PDG d’Instruction Partners, a encore noté que « cette relation personnelle est un facteur clé dans la réussite des élèves, car elle leur permet d’exprimer leurs préoccupations sans crainte de jugement ».

Des études ont montré que le tutorat à dosage élevé peut également renforcer l’engagement des élèves. Selon Sarah Frazelle, directrice des systèmes d’indicateurs d’alerte précoce et des systèmes de soutien multitier, « lorsque les élèves sentent qu’ils sont soutenus individuellement, ils sont plus enclins à participer activement en classe et à s’investir dans leur apprentissage ». Ce changement d’attitude peut conduire à une amélioration des performances académiques.

Un autre aspect de l’efficacité du tutorat est sa capacité à s’adapter à divers sujets et niveaux d’apprentissage. Des méta-analyses ont révélé que le tutorat est efficace tant pour la lecture que pour les mathématiques, ce qui en fait une stratégie polyvalente pour les districts scolaires. Matthew Kraft, professeur associé d’éducation et d’économie à l’Université Brown, affirme : « La clé réside dans la capacité à personnaliser l’enseignement en fonction des besoins uniques de chaque étudiant, ce qui est l’un des principaux avantages du tutorat à dosage élevé ».

En somme, le tutorat à dosage élevé se distingue par son approche individualisée, sa capacité à renforcer la confiance des élèves et à améliorer leur engagement, ce qui en fait un outil précieux pour surmonter les défis éducatifs actuels.

Les défis financiers du tutorat

Malgré son efficacité, le tutorat à dosage élevé pose des défis importants sur le plan financier. L’embauche et la formation de tuteurs, en particulier dans un cadre individuel, peuvent représenter un coût considérable. Une étude d’un programme de tutorat en mathématiques à Chicago a révélé que le coût par élève pouvait atteindre 3 800 dollars par an. Cela soulève la question de l’accessibilité de ces programmes pour de nombreuses écoles, en particulier celles qui manquent de ressources. En effet, les districts scolaires avec des budgets limités peuvent avoir du mal à justifier de telles dépenses, même lorsque l’efficacité du tutorat est bien établie.

Des pays comme le Royaume-Uni ont reconnu l’importance du tutorat et ont investi massivement dans des programmes de tutorat pour aider les élèves à rattraper leur retard. Par exemple, le gouvernement britannique a alloué 1 milliard de livres sterling pour des services éducatifs supplémentaires, dont une partie est spécifiquement réservée aux programmes de tutorat. Robbie Coleman, directeur par intérim du National Tutoring Programme, a indiqué que ce financement pourrait réduire les coûts pour les écoles, en facilitant l’accès à des services de tutorat de qualité.

Aux États-Unis, des chercheurs plaident également pour que le Congrès adopte un soutien financier similaire pour les programmes de tutorat. Nathaniel Schwartz, leader de l’Institut Annenberg pour la réforme scolaire de l’Université Brown, a déclaré : « Un investissement gouvernemental dans le tutorat pourrait transformer la manière dont nous soutenons les élèves en difficulté, en rendant ces programmes accessibles à tous les étudiants, indépendamment de leur situation économique ».

Il convient également de considérer des approches alternatives pour réduire les coûts. Par exemple, l’utilisation de paraprofessionnels et de bénévoles rémunérés peut constituer une stratégie efficace. Des études montrent que ces tuteurs moins coûteux peuvent fournir un soutien tout aussi efficace que les enseignants certifiés. Matthew Kraft a fait remarquer que « former des étudiants universitaires ou des bénévoles pour qu’ils assument des rôles de tutorat peut être une solution viable pour diminuer le coût tout en maintenant la qualité des interventions ».

En somme, bien que le tutorat à dosage élevé soit une intervention précieuse pour lutter contre les pertes d’apprentissage, son coût demeure un obstacle majeur. Des investissements ciblés et des stratégies novatrices sont nécessaires pour assurer que tous les élèves puissent bénéficier de ces programmes essentiels.

Comment rendre le tutorat plus accessible ?

Pour atténuer les coûts associés au tutorat, plusieurs stratégies peuvent être mises en œuvre. Des études montrent que les paraprofessionnels et les bénévoles rémunérés peuvent être tout aussi efficaces que les enseignants certifiés dans le cadre de programmes de tutorat. Matthew Kraft, professeur associé d’éducation et d’économie à l’Université Brown, recommande de maintenir des groupes de deux étudiants par tuteur tout en utilisant des étudiants universitaires ou des bénévoles rémunérés pour réduire les coûts. En effet, cela permet non seulement de diminuer les dépenses, mais aussi d’impliquer des jeunes dans le processus éducatif, ce qui peut également renforcer leur engagement envers leur propre apprentissage.

Il est également crucial que les programmes de tutorat soient intégrés dans le quotidien scolaire, plutôt que de se limiter à des sessions hebdomadaires ou après l’école. Les recherches indiquent que des contacts répétés d’au moins trois fois par semaine, ou 50 heures sur quatre mois, devraient constituer la norme pour maximiser l’impact du tutorat. Par exemple, des études ont montré que les élèves bénéficient le plus de tutorat lorsqu’il est aligné avec les curriculums enseignés en classe. En coordonnant le tutorat avec l’enseignement en classe, les écoles peuvent garantir que les élèves ne reçoivent pas des messages contradictoires concernant leur apprentissage.

En outre, la formation des tuteurs est essentielle pour assurer la qualité de l’enseignement. Anne Sinclair, directrice de l’apprentissage chez Reading and Math, Inc., souligne que « des tuteurs bien formés sont capables d’identifier rapidement les besoins spécifiques de chaque élève et de s’adapter en conséquence ». Cette approche personnalisée peut renforcer l’efficacité des séances de tutorat et permettre un meilleur suivi des progrès des élèves.

Une autre stratégie pour rendre le tutorat plus accessible pourrait impliquer l’utilisation de technologies numériques pour faciliter les séances de tutorat à distance. Les plateformes en ligne peuvent permettre aux tuteurs de se connecter avec des élèves qui ne peuvent pas se rendre physiquement à l’école ou qui ont des horaires chargés. L’accès à des ressources numériques peut également élargir l’éventail de tuteurs disponibles, en permettant à des experts de différentes régions de contribuer à ces programmes.

Enfin, il est nécessaire de sensibiliser les communautés sur l’importance du tutorat et de créer des partenariats entre les écoles, les organisations communautaires et les entreprises locales pour financer ces initiatives. Les efforts conjoints peuvent permettre de collecter des fonds, de fournir des ressources et de mobiliser des bénévoles, rendant ainsi le tutorat à dosage élevé plus accessible à tous les élèves, peu importe leur origine socio-économique.

L’avenir du tutorat à dosage élevé

À mesure que les écoles s’efforcent de revenir à un fonctionnement normal après la pandémie, le tutorat à dosage élevé pourrait jouer un rôle essentiel dans la remédiation des pertes d’apprentissage. Il est impératif que les décideurs éducatifs prennent des mesures pour intégrer ces programmes dans leurs plans de retour à l’école. Comme l’a souligné Elaine Allensworth, directrice du Consortium sur la recherche scolaire de l’Université de Chicago, « il est essentiel d’aligner les efforts de tutorat avec des pratiques d’enseignement efficaces pour garantir que les élèves bénéficient pleinement de ces interventions ». Cela nécessite une collaboration étroite entre les tuteurs et les enseignants en classe pour s’assurer que les compétences enseignées pendant le tutorat complètent et renforcent le curriculum scolaire.

Les recherches suggèrent que les effets positifs du tutorat à dosage élevé ne se limitent pas seulement à l’amélioration des performances académiques. Les élèves qui bénéficient de ce type de soutien développent également des compétences socio-émotionnelles, telles que la confiance en soi et la motivation. James Ellout, directeur général de l’impact chez City Year Jacksonville, affirme que « le tutorat à dosage élevé peut transformer non seulement les résultats académiques des élèves, mais également leur attitude envers l’apprentissage et leur engagement dans la communauté scolaire ».

Cependant, pour que ces programmes soient vraiment efficaces, il est crucial de surmonter les défis liés à leur mise en œuvre, notamment le financement et la formation des tuteurs. La création de partenariats entre les écoles, les organisations communautaires et les entreprises locales pourrait jouer un rôle clé dans le soutien à ces initiatives. En mobilisant des ressources et en favorisant l’engagement communautaire, les écoles peuvent élargir leur capacité à offrir des programmes de tutorat de qualité.

En conclusion, bien que le tutorat à dosage élevé présente des défis en matière de coût et de logistique, il demeure une stratégie essentielle pour lutter contre les pertes d’apprentissage causées par la pandémie. Investir dans ces programmes pourrait non seulement aider les étudiants à rattraper leur retard, mais aussi offrir de nouvelles opportunités professionnelles pour les diplômés, renforçant ainsi le système éducatif dans son ensemble. Le succès de ces initiatives dépendra de la volonté collective des parties prenantes d’investir dans l’avenir éducatif de nos enfants, en reconnaissant que chaque élève mérite le soutien nécessaire pour réussir.