Dans un article publié le 20 novembre 2024, Li Angran, professeur assistant de sociologie à NYU Shanghai, examine les raisons sous-jacentes à l’émergence des parents « hélicoptères » en Chine. Ce phénomène, désigné par le terme « jiwa » ou « parentalité au sang de poulet », fait référence à un style parental où des familles de la classe moyenne investissent des ressources considérables dans l’éducation de leurs enfants. Cela inclut des cours particuliers, des écoles internationales et des voyages à l’étranger, le tout dans l’espoir de garantir un avenir radieux pour leurs enfants. Cet investissement, bien que perçu comme nécessaire, génère également des préoccupations croissantes concernant les effets de cette pression intense sur les enfants et leurs résultats scolaires.

Li Angran souligne que « l’éducation est devenue un champ de bataille pour les familles, où chaque décision est cruciale pour l’avenir des enfants ». Cette dynamique de compétition, alimentée par les inégalités socio-économiques, pousse les parents à adopter des stratégies d’implication extrême. Cela conduit à une réflexion plus large sur les valeurs familiales et les attentes sociales en matière d’éducation. Pour en savoir plus sur ce phénomène, consultez l’article complet sur Sixth Tone.

Une compétition éducative féroce

La parentalité à la chinoise ressemble parfois à une course à l’armement, où les familles rivalisent pour offrir les meilleures opportunités éducatives à leurs enfants. Ce phénomène n’est pas unique à la Chine; il reflète une tendance mondiale où l’éducation est perçue comme un levier essentiel pour la mobilité sociale. Par exemple, aux États-Unis, les concepts de « parentalité hélicoptère » et de « parentalité tigre » sont devenus courants dans les familles de classe moyenne et supérieure. En Corée du Sud et au Japon, des tendances similaires telles que la montée des académies après l’école, connues sous le nom de hagwons et de juku respectivement, illustrent également cette dynamique.

Le cas chinois est profondément enraciné dans des valeurs culturelles traditionnelles où la famille joue un rôle central dans la vie des enfants. Bien que cette pression pour exceller puisse être motivée par de bonnes intentions, elle a également des implications profondes sur la santé mentale et le bien-être des enfants. Selon le sociologue Li Angran, « cette quête incessante de l’excellence académique peut mener à des niveaux d’anxiété alarmants parmi les jeunes ». Les parents, en voulant garantir un avenir brillant pour leurs enfants, investissent non seulement de l’argent, mais aussi de leur temps et de leur énergie dans des activités éducatives qui peuvent devenir écrasantes.

Dans un contexte de classe moyenne croissante, les parents ressentent une pression accrue pour garantir non seulement des performances scolaires satisfaisantes, mais un véritable excès de réussite. Cette dynamique est exacerbée par la perception que la réussite académique est la seule voie vers une vie meilleure. De nombreux parents voient l’éducation comme un investissement à long terme et, par conséquent, n’hésitent pas à sacrifier leur propre bien-être pour offrir à leurs enfants les meilleures opportunités possibles. « Dans ce système, les parents sont souvent pris dans une spirale de compétition, où chacun cherche à surpasser les autres », explique Cai Yineng, éditeur et analyste des tendances éducatives.

La montée en puissance des cours particuliers et des écoles internationales témoigne également de cette guerre de l’éducation. De plus en plus de familles se tournent vers ces solutions, considérées comme des moyens de donner à leurs enfants un avantage compétitif. Avec un marché de l’éducation en pleine expansion, les parents sont confrontés à un choix difficile : investir lourdement dans l’éducation de leurs enfants ou risquer de les laisser derrière dans une société où la réussite académique est synonyme de succès. Cette situation souligne l’importance de repenser les valeurs qui sous-tendent l’éducation, car le bien-être des enfants doit rester une priorité.

Les conséquences de l’implication parentale

Bien que l’implication parentale soit souvent associée à des résultats positifs pour les enfants, des recherches récentes mettent en lumière des relations plus complexes. Par exemple, une étude menée par Li Angran et Pan Zhidi, de l’Université de Zhejiang, révèle qu’il existe une relation en forme de « U » entre l’implication parentale et les capacités cognitives des enfants chinois. « Une implication modérée semble avoir des effets positifs, tandis qu’une surimposition peut engendrer des conséquences néfastes, notamment pour les enfants ayant des capacités cognitives plus faibles », explique Angran.

De plus, cette approche peut engendrer des effets mixtes. Selon les résultats de plusieurs études, les enfants issus de familles de classe moyenne bénéficient davantage des cours particuliers, tandis que ceux provenant de milieux moins favorisés ne tirent pas les mêmes avantages. En effet, ces derniers peuvent se heurter à des obstacles structurels qui limitent l’efficacité des cours de soutien. « La qualité de l’éducation et le soutien familial ne sont pas les seuls facteurs déterminants du succès académique », souligne également un rapport du ministère de l’Éducation chinois.

L’implication parentale excessive peut également avoir des conséquences sur la santé mentale des enfants. Des études ont montré que des niveaux élevés d’intervention parentale sont souvent corrélés à une augmentation de l’anxiété et à une diminution de l’autonomie chez les enfants. Selon le psychologue Wang Lili, « les enfants qui subissent une pression constante peuvent développer des symptômes de stress qui nuisent à leur capacité d’apprentissage ». Ce phénomène transcende les barrières socio-économiques, touchant à la fois les enfants de milieux privilégiés et ceux de milieux défavorisés.

Il est important de noter que l’implication parentale ne doit pas être perçue comme un concept monolithique. Les styles d’éducation varient considérablement en fonction des valeurs culturelles, des attentes sociales et des structures familiales. Ainsi, alors que certains parents adoptent une approche proactive pour soutenir l’éducation de leurs enfants, d’autres peuvent éprouver des difficultés à équilibrer leurs propres aspirations avec le bien-être de leurs enfants.

En somme, la dynamique entre l’implication parentale et le succès académique est complexe et nécessite une attention particulière. Une approche équilibrée, qui tient compte des besoins individuels des enfants et des contextes familiaux, est essentielle pour favoriser un environnement d’apprentissage sain et efficace. Les parents doivent être conscients des effets potentiellement néfastes d’une surimposition et envisager des stratégies qui privilégient le bien-être psychologique et émotionnel de leurs enfants.

Un changement nécessaire dans la perception de la réussite

Face à cette pression croissante, de nombreux parents commencent à prendre conscience des effets délétères d’une parentalité trop impliquée. Li Angran note que les parents, en particulier ceux issus de milieux aisés et éduqués, commencent à réaliser que « cette pression constante peut amener leurs enfants à ressentir de l’anxiété ou à perdre leur enthousiasme pour l’apprentissage ». Cependant, cette prise de conscience ne se traduit pas toujours par un changement de comportement. De nombreux parents continuent d’exercer cette pression, pris entre les exigences institutionnelles et un environnement social compétitif.

Cette tendance est exacerbée par un système éducatif où l’option de se retirer de cette approche rigoureuse peut sembler risquer l’avenir de l’enfant. Les parents se trouvent donc dans une situation difficile, où l’abandon de cette stratégie peut être perçu comme un manque d’engagement envers la réussite scolaire de leur enfant. La peur de ne pas être à la hauteur des attentes sociétales pousse souvent les parents à persister dans des méthodes d’éducation stressantes.

Pourtant, un changement dans la perception de la réussite est essentiel. De nombreux experts plaident pour une réévaluation des critères de succès. Le psychologue Zhang Wei souligne que « la réussite ne devrait pas se limiter à de simples résultats académiques, mais inclure également le développement des compétences sociales et émotionnelles des enfants ». Cette vision élargie permettrait de réduire la pression sur les enfants et de promouvoir un apprentissage plus équilibré et épanouissant.

Il est crucial de créer un dialogue autour des différentes voies de réussite. Les parents doivent être encouragés à valoriser les passions et les intérêts de leurs enfants, plutôt qu’à se concentrer uniquement sur les performances académiques. En mettant l’accent sur la créativité et l’innovation, les enfants peuvent explorer des talents qui ne se manifestent pas forcément à travers des évaluations scolaires traditionnelles. « Encourager les enfants à poursuivre leurs passions peut conduire à une plus grande satisfaction personnelle et à un succès à long terme », affirme le sociologue Chen Rui.

Ainsi, les parents doivent être soutenus dans leur quête d’un équilibre entre l’implication dans l’éducation de leurs enfants et le respect de leur bien-être émotionnel. En favorisant une culture qui valorise l’apprentissage par la curiosité et l’exploration, les familles peuvent contribuer à atténuer les tensions liées à la compétition scolaire. Un changement dans la perception de la réussite pourrait ainsi non seulement alléger la pression sur les enfants, mais aussi transformer la dynamique familiale vers une approche plus saine et positive de l’éducation.

Vers une éducation plus équitable

Pour atténuer l’anxiété parentale et les inégalités structurelles, il est essentiel de travailler vers une distribution plus accessible et équitable des ressources éducatives. Li Angran conclut que « pour créer un environnement éducatif inclusif, il est impératif de réformer nos systèmes afin qu’ils répondent aux besoins divers des élèves ». Les décideurs politiques doivent également mettre l’accent sur un développement durable pour les enfants, en valorisant l’apprentissage tout au long de la vie plutôt que de se concentrer uniquement sur les succès académiques. Une telle approche pourrait contribuer à réduire la pression exercée sur les enfants et leurs familles.

L’implication parentale est une force puissante mais complexe dans la trajectoire éducative des enfants. Si elle est essentielle pour favoriser la croissance, une implication excessive peut risquer de compromettre l’équité éducative et le développement global des enfants. Par conséquent, il est crucial d’adopter une approche équilibrée, attentive aux besoins spécifiques des familles et des communautés.

Pour atteindre cet objectif, il est également nécessaire de promouvoir des programmes qui offrent un soutien adapté aux familles en difficulté. Cela pourrait inclure des services de tutorat gratuit, des conseils parentaux et des ateliers sur des pratiques éducatives positives. Le professeur en éducation, Zhang Jian, souligne que « l’accès à des ressources éducatives de qualité ne devrait pas être un privilège, mais un droit pour chaque enfant ». Les écoles, les gouvernements et les organisations non gouvernementales doivent collaborer pour développer des initiatives qui réduisent les écarts d’accès à l’éducation.

En outre, il est important de sensibiliser les parents à l’importance d’une éducation holistique qui englobe non seulement les performances académiques, mais également le bien-être émotionnel et social des enfants. Lorsque les parents comprennent que leur rôle est de soutenir l’épanouissement global de leurs enfants, ils sont plus susceptibles de favoriser un environnement d’apprentissage positif. Le psychologue éducatif Li Mei souligne que « les enfants qui se sentent soutenus émotionnellement sont plus susceptibles de réussir académiquement et de développer des compétences sociales solides ».

En somme, favoriser une éducation équitable nécessite un engagement collectif de la part des parents, des éducateurs et des décideurs. En mettant en place des ressources accessibles et en promouvant une culture d’apprentissage équilibrée, nous pouvons garantir que tous les enfants, quels que soient leurs antécédents socio-économiques, aient la possibilité de réussir et de s’épanouir dans un environnement éducatif inclusif et respectueux de la diversité.

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